Nécessaire coexistence dynamique
Justice sociale et prospérité économique sont-elles antinomiques ? C'est le terrain, propice aux dérapages incontrôlés, sur lequel semble malheureusement s'engager le débat sur les salaires minimums. Pour les tenants de l'économie de marché, dont la CCIG se revendique le front haut, il ne peut jamais être bon que l'autorité politique s'immisce dans des décisions qui appartiennent aux seules entreprises. La conséquence ne peut qu'en être une distorsion des mécanismes économiques et non une saine correction de la dure loi du marché.
Concrètement, certaines petites entreprises pourraient ne pas survivre. En outre, quel message cela donnerait-il aux jeunes ? L'apprentissage, déjà jugé peu attrayant en Suisse romande, le deviendrait encore moins, alors que toutes les études démontrent que le niveau de qualification des collaborateurs est déterminant pour les succès des entreprises de ce pays. L'Enquête conjoncturelle 2013-2014 de la CCIG, à paraître le 3 avril prochain, le confirmera une fois de plus.
Le partenariat social, qui s’épanouit depuis 75 ans en faisant des envieux dans de nombreux pays alentour, ne doit pas être saboté par cette initiative. Dans les secteurs où des injustices flagrantes existeraient, et sans doute y en a-t-il, il appartient aux partenaires sociaux de négocier un salaire minimum. On notera au passage que de nombreuses CCT, pourtant acceptées par les syndicats, ne comportent actuellement pas de salaire minimum. Il faut donc croire que les travailleurs suisses ne sont pas exploités de manière éhontée...
Après l'acceptation de l'initiative sur l'immigration de masse, force est de constater que cette proposition de salaires minimums est un nouveau coup porté à notre économie. La hache, à force de s'abattre au même endroit, finit par faire tomber le chêne... La meilleure garantie d'une justice sociale est sans aucun doute la prospérité économique : une prospérité économique durable, mesurée à l’aune de critères économiques, sociaux et environnementaux.
0 commentaire