Discours du président de la CCIG lors de l'Assemblée générale
Discours de M. Pierre Poncet, président de la CCIG, à l’occasion de la 150e Assemblée générale de la Chambre de commerce, d’industrie et des services de Genève
Genève, 23 mars 2015
Mesdames et Messieurs, chers amis de la Chambre de commerce,
Je vous souhaite une très cordiale bienvenue à notre 150e Assemblée générale. Parmi les nombreuses personnalités qui nous honorent de leur présence, je tiens à saluer tout particulièrement :
Monsieur le conseiller fédéral,
Monsieur le président du Conseil d'Etat,
Monsieur le président du Grand Conseil,
Messieurs les conseillers d'Etat,
Messieurs les députés genevois aux Chambres fédérales,
Mesdames et Messieurs les députés au Grand Conseil,
Mesdames et Messieurs les maires, conseillers administratifs et adjoints des communes genevoises ainsi que les représentants des autorités municipales,
Mesdames et Messieurs les représentants des corps diplomatiques et consulaires à Genève.
Je souhaite également la bienvenue:
- aux représentants des administrations fédérales, cantonales et communales,
- aux représentants d’economiesuisse et des grands organismes économiques de notre pays,
- aux représentants des associations et organismes professionnels, économiques et touristiques de notre canton,
- des Chambres de commerce suisses, binationales et étrangères,
- et des partis politiques.
Il y a 150 ans, les luttes entre groupes politiques rivaux atteignaient un paroxysme tel que la Confédération envoyait des troupes rétablir le calme à Genève. Aujourd’hui, Berne nous envoie l’un des premiers citoyens du pays : c’est le signe que, à défaut d’être sages, les Genevois ont appris à régler leurs différends autrement qu’en bataille rangée. Je tiens à vous remercier, Monsieur le conseiller fédéral, de montrer, par votre présence, que vous vous souciez des préoccupations des gens du bout du lac.
Lors de la création de notre institution, Ernest Pictet, il s’en souvient certainement, a énoncé trois missions pour cette association. Tout d’abord, la Chambre de commerce devait « éclairer les gouvernements cantonal et fédéral de ses renseignements ». Les Genevois, dans leur générosité, sont toujours fort prompts à faire profiter le reste de la Suisse de leurs conseils. Cette mission est donc fidèlement remplie.
Ensuite, la Chambre devait « leur adresser des demandes et des suggestions ». Là aussi, nous sommes assidus. J’ose affirmer que la Chambre a démontré sa capacité à être une force de proposition.
Enfin, notre institution avait pour tâche – je cite – de « propager nos principes de liberté commerciale dans le reste de la Suisse.». Le principe de liberté de commerce est, désormais, bien établi. Sa pratique est une autre histoire.
La Chambre a toujours été opposée aux tarifs douaniers et a soutenu les référendums de 1891 et 1902. Mais la majorité du peuple et des cantons, craignant l’afflux de marchandises étrangères à bas prix, avait néanmoins accepté ces tarifs, estimant qu’il convenait de protéger la production suisse.
C’est un raisonnement voisin qui a conduit à l’acceptation, l’an dernier, du frein à l’immigration. Pour un canton qui abrite 60 000 emplois de plus que de résidants actifs, la mise en œuvre de cette initiative nous préoccupe tout particulièrement. Dans notre réponse à la consultation fédérale, nous tâchons, conjointement avec les autres associations économiques, d’apporter des suggestions constructives. Pour nombre d’entreprises genevoises, toute restriction supplémentaire apportée à leur capacité d’embaucher de la main d’œuvre étrangère constituera un puissant obstacle à leur pérennité.
L’une des entraves les plus efficaces au développement économique est, bien sûr, la fiscalité. En décembre 1922, la Chambre avait fait campagne contre l’initiative fédérale proposant un prélèvement exceptionnel sur la fortune. En 2014, avec le même succès, nous avons fait campagne contre les initiatives – cantonale et fédérale – qui voulaient supprimer le système d’imposition d’après la dépense, dit « forfaits fiscaux ».
Comme il est certains sujets dont on ne se lasse pas, le 14 juin prochain, nous voterons sur l’initiative baptisée «Imposer les successions de plusieurs millions pour financer notre AVS». «Plusieurs millions» sont, en fait, deux millions. Cette proposition s’attaque au cœur même du tissu économique suisse : les PME. En effet, une large part des entreprises familiales envisage de transmettre l’entreprise au sein de la famille. Or, la charge fiscale deviendrait insupportable pour les héritiers avec, pour conséquence, une fermeture définitive de l’entreprise et des pertes d’emplois. Une fois de plus, la CCIG monte au créneau contre pareille ineptie.
Le gros morceau reste, bien sûr, la réforme de la fiscalité des entreprises. Son objectif : supprimer les « statuts fiscaux » pour répondre aux attentes internationales. Pour la CCIG, il y a deux enjeux majeurs. Tout d’abord, le nouveau taux d’imposition, unique, doit être suffisamment bas pour que les entreprises à statut ne déguerpissent pas. Rappelons que celles-ci génèrent directement plus de 20 000 emplois et 50 000 si l’on compte les emplois indirects. Le maintien de ces emplois sur notre territoire est un enjeu crucial. Le canton enregistrera néanmoins un manque à gagner. Comment celui-ci sera-t-il compensé ? C’est le second enjeu.
Pour corser l’affaire, le projet mis en consultation évoque l’introduction d’un impôt sur les gains en capital. Celui-ci s’ajouterait à l’imposition sur la fortune, dont on se souviendra au passage que la Suisse est l’un des derniers pays occidentaux à la pratiquer encore. Clairement, un tel impôt porterait un coup dur à notre économie.
Il faut bien être conscient du fait que notre attractivité s’émousse, lentement mais sûrement. Le franc fort et le coût de l’immobilier dans l’arc lémanique sont autant de facteurs qui alourdissent les charges opérationnelles des entreprises. A cela s’ajoute l’incertitude générée par ces votations fiscales qui s’enchainent dans une farandole diabolique.
Et pendant ce temps, les places étrangères, asiatiques notamment, démarchent nos entreprises, leur faisant miroiter des conditions cadre plus favorables.
Nous avons la chance, Mesdames et Messieurs, de vivre dans un pays prospère. Mais rien n’est jamais acquis pour l’éternité. Chaque coup porté aux conditions cadre crée une brèche. Quand la digue aura cédé aux flots de la concurrence internationale, il sera trop tard.
Depuis 150 ans, notre Chambre de commerce, VOTRE Chambre, Mesdames et Messieurs, œuvre inlassablement pour que votre voix, celle des entreprises, puisse être entendue par nos concitoyens et nos dirigeants. Ce soir nous leur disons : il y a urgence à agir. Agir pour le maintien des emplois. Agir pour une économie forte. Agir pour une prospérité durable.
Seul le discours prononcé fait foi.
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