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Pyrrhus est-il Genevois ?

Charles Lassauce
Posté le 28/05/2015
Opinions

Depuis 1999, date d’entrée en vigueur de l’article 3 al. 4 LDTR, dont la modification est soumise à votation le 14 juin prochain, aucune demande de transformation de local commercial en logement n’a été enregistrée. Sauf à imaginer que le but de cet article soit la protection des locaux commerciaux, le constat d’échec est patent : aucun nouveau logement n’est venu accroitre le parc immobilier genevois par ce processus de réaffectation. Lorsqu’une loi n’atteint pas – et de loin – son objectif, il est nécessaire d’en changer pour se rapprocher du but : tel est l’enjeu de la prochaine votation.

De nombreux locaux commerciaux, dont les standards ne sont plus suffisants pour répondre à la demande actuelle, pourraient avantageusement se reconvertir en logements grâce à la nouvelle loi. Ils présentent l’avantage d’être déjà construits (à défaut d’être équipés), d’offrir rapidement des unités locatives sans empiéter sur les zones villa ou agricole et, surtout, de proposer une solution simple pour lutter contre la pénurie de logements. Dès lors, quel reproche adresser à cette évolution législative ?

Aux yeux des opposants, la tare inacceptable du texte proposé est que les loyers pourraient être supérieurs aux normes LDTR. Et alors ? Lorsque le taux de vacance des logements à Genève est inférieur à 0,4%, le principal combat se mène contre la pénurie. Seule l’augmentation importante du nombre de logements à disposition permettra de mener une lutte efficace. On se rappellera par ailleurs d’une loi fondamentale de l’économie, celle de l’offre et de la demande : plus l’offre augmentera, plus les prix baisseront. Les appartements transformés devraient être équivalents à des 4 pièces à 1600 francs par mois. Une fois n’est pas coutume, on s’adressera à la classe moyenne, traditionnelle oubliée des politiques publiques !

Aucun argument ne peut militer contre l’utilisation rationnelle de locaux déjà construits, sauf à vouloir sacraliser la LDTR. Avec un refus de cette modification législative, les locataires enregistreraient une victoire à la Pyrrhus, avec de bas loyers pour des logements qui n’existeront jamais… Et si on se prenait à rêver d’en faire évoluer l’acronyme LDTR en « Logements Disponibles pour Tout Résident » ? Pour ne pas briser ce rêve, il faut voter OUI le 14 juin, ne serait-ce que pour offrir plus de logements aux Genevois.

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