Résilience de l'économie genevoise
La Chambre de commerce, d’industrie et des services de Genève (CCIG) a réalisé en septembre dernier son Enquête conjoncturelle d’automne. Sans surprise, la marche des affaires est sensiblement moins bonne que l’an dernier à la même époque, avec 28% des entreprises qui annoncent une année médiocre voire mauvaise, alors qu’elles n’étaient que 19% dans cette situation l’an dernier. Les prévisions à six mois et au-delà ne se montrent guère plus optimistes.
En 2015, moins de la moitié des entreprises répondantes – 48%, représentant quelque 41 000 emplois – jugent la marche des affaires satisfaisante (contre 50% en 2014) et 24% la jugent bonne à excellente (contre 31% en 2014). Par rapport aux prévisions formulées à l’automne 2014, le nombre d’entreprises qui jugent la marche des affaires mauvaise a bondi de 2% à 9%. C’est naturellement l’industrie qui souffre le plus : seuls 3% des entreprises de ce secteur envisageaient un mauvais futur ; elles sont 17% à déclarer une mauvaise marche des affaires actuellement. En outre, presque une industrie sur quatre estime son volume d’affaires médiocre.
L’optimisme des entreprises quant au futur est des plus mesurés. Si elles tablent pour la plupart sur une amélioration à court terme (6 mois), elles sont en revanche beaucoup plus pessimistes sur le moyen terme (au-delà de 6 mois). Elles ne sont que 56% à s’attendre à des affaires satisfaisantes voire bonnes, contre 69% l’an dernier. A noter que l’industrie est légèrement plus optimiste que ne le sont les services.
Impact du franc fort non négligeable
En moyenne, seules 28% des entreprises répondantes ne constatent aucun effet du franc fort, mais ce pourcentage recouvre une situation très contrastée entre les industries, qui ne sont que 13% dans ce cas, et les sociétés de services, qui ne sont pas affectées dans 31% des cas. Les entreprises souffrent d’autant plus du franc fort qu’elles exportent. Un très petit nombre d’entre elles tirent cependant leur épingle du jeu et constatent un impact positif, particulièrement dans le groupe des entreprises fortement exportatrices.
Pour contrer les effets du franc fort, une entreprise sur deux (47%) baisse ses prix de vente ; cette proportion atteint même 57% dans l’industrie. La deuxième mesure prise est la prospection de nouveaux marchés. Dans l’industrie, près d’une société sur trois a recouru à la réduction des effectifs (27%) et 12% ont déplacé leur production à l’étranger. Peu nombreuses sont toutefois les entreprises qui ont baissé les salaires ou augmenté les horaires de travail.
«Les industries, dont la majorité sont exportatrices, ont souvent conclu leurs contrats pour des durées fixes. Pour certaines d’entre elles, les effets du franc fort ne se sont fait sentir qu’en cours d’année, voire n’apparaîtront que l’an prochain. C’est ce qui explique des prévisions à moyen terme pour le moins conservatrices », analyse Jacques Jeannerat, directeur général de la CCIG. « Celles qui s’approvisionnent dans la zone euro ont bénéficié de l’euro faible, mais cela ne suffit pas à compenser le renchérissement de leurs produits pour leurs clients de l’Union. Un tiers des exportations genevoises est à destination de la zone euro. Cela explique certes la résilience de l’économie genevoise, mais nous rappelle aussi pourquoi nous ne sommes pas immuns à cet effet de change.»
Stagnation des salaires et tendance à l’augmentation de l’horaire hebdomadaire
L'augmentation moyenne des salaires au début 2015, pondérée selon la taille des entreprises, s'élève à 0,7% (0,5% pour l’industrie et 0,7% pour les services), alors qu’elle avait été de 1,3% en 2014. Cette faible progression est cependant conforme aux prévisions formulées l’an dernier pour le secteur des services (0,7%), mais est inférieure à celle de l’industrie, qui s’établissait à 1,2%.
Pour 2016, l'augmentation moyenne des salaires, pondérée selon la taille des entreprises, s'élève à 0,5% pour l’industrie et 0,3% pour les services. Plus de la moitié des entreprises ne pensent pas accorder d’augmentation en 2016. A cet égard, le secteur des services se montre plus sévère que celui de l’industrie.
Sur les trois dernières années, on observe une tendance à l’allongement de l’horaire hebdomadaire de travail. Ainsi, 9% des entreprises connaîtront, en 2016, une durée hebdomadaire de travail comprise entre 41 et 41,9 heures contre 8% en 2013, et 26% se situent dans la tranche allant de 42 à 42,9 heures hebdomadaires, alors qu’elles n’étaient que 23% en 2013. A l’inverse, seules 56% des entreprises appliqueront l’an prochain une durée hebdomadaire comprise en 40 et 40,9 heures, alors qu’elles étaient 60% dans ce cas en 2013.
Stabilité des effectifs et de la propension à investir
En 2015, l’effectif du personnel a été stable pour 61% des entreprises. Quant aux autres, il a varié à la hausse pour 20% d’entre elles et à la baisse pour les autres 20%. A relever que la stabilité la plus marquée s’enregistrait dans les PME de moins de 30 personnes. Pour 2016, la vaste majorité des entreprises prévoient une stabilité de leurs effectifs, même si les perspectives dans le secteur de l’industrie sont plus réservées : si 61% des acteurs de ce secteur anticipent la stabilité, 22% d’entre eux prévoient une baisse du nombre de collaborateurs, tandis que 16% imaginent embaucher.
Quant à la propension des entreprises à investir, elle a été, dans le courant des douze derniers mois, dans la ligne de l’année dernière : 31% des entreprises ont déclaré avoir réalisé des investissements et autant imaginent en effectuer en 2016.
Résultats détaillés
Graphiques
Note méthodologique
L'Enquête conjoncturelle de la CCIG a été réalisée entre le 17 août et le 2 octobre 2015.
2119 questionnaires ont été envoyés ; 430 ont été retournés et sont utilisables pour l'une ou l'autre des questions posées, soit un taux de réponse de 20%.
Ces 430 questionnaires représentent 41 000 emplois dans le canton, soit 33,6% des emplois des membres de la CCIG (122 000).
Pour tout renseignement complémentaire, Alexandra Rys, membre de la Direction, responsable Communication, se tient à votre disposition au tél. 022 819 91 46,a.rys@ccig.ch
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