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Type d'événement

Brexit : l’émotion et la raison

Alexandra Rys
Posté le 29/06/2016
Opinions

Il a été assez amusant de constater, sur les réseaux sociaux, que nombre de Suisses félicitaient les 52% de Britanniques qui ont voté pour sortir de l’Europe et fait le choix de l’indépendance. Mais qu’a vraiment voulu dire cette majorité ? Qu’elle en avait marre, certainement. Qu’elle voulait se compliquer la vie en se coupant de l’UE, probablement pas. Les multiples débats, notamment télévisés, n’ont clairement pas été d’une grande utilité pour aider les votants à décrypter les enjeux du scrutin ; ils furent même d’une vacuité intersidérale. Même si le public posait parfois de bonnes questions (comment nos emplois seront-ils assurés ?), l’absence de réponse concrète n’était jamais relevée.

Les envolées lyriques des chantres de l’indépendance tombent malheureusement lourdement à côté de la plaque. Dans un monde globalisé comme le nôtre, l’indépendance absolue ne peut pas exister. Et les « amis indépendants » de Suisse sont bien placés pour le savoir : nous gagnons un franc sur deux à l’étranger et un franc sur trois avec l’Union européenne. En valeur sonnante et trébuchante, il s’agit de 128 milliards de biens et services vendus à l’UE en 2014. La Suisse est donc tout sauf indépendante.

En réalité, le vote britannique n’est ni un cataclysme ni la huitième merveille du monde. Il s’agit d’une nouvelle donne. Comme la Suisse l’a fait après le refus populaire de l’adhésion à l’EEE, le Royaume(pour l’instant encore)-Uni va devoir inventer son futur. Pour la Suisse, le Brexit est une « encouble » supplémentaire dont elle se serait bien passé. Les milieux tant politiques qu’économiques vont devoir composer avec cette situation ; espérons qu’ils le fassent en utilisant leur tête plutôt que leurs tripes.

2 commentaires

Ohayon Joseph
Posté le 30/06/2016
Chère Madame, Je suis un Europhile convaincu et pourtant je n'arrive pas à blâmer ceux qui ont voté pour le Brexit ni ceux que vous appelez les "amis indépendants" de Suisse. Vous avez raison, ce n'est pas un cataclysme et ceux qui sont pour l'instant à côté de la plaque sont bien dans l'UE. l'UE a besoin des biens et des services fournis par la Suisse et le Royaume-Uni. Pensez-vous vraiment que l'UE va s'en passer? La Chine n'est pas dans l'UE et pourtant 1000 milliards d'€ sont déversés par tous les pays de l'UE vers la Chine. Je pense franchement que nous devons garder notre calme et surtout comme vous le dites "utiliser notre tête" plutôt que nos tripes. Malheureusement, j'ai de sérieux doutes quand j'entends l'UE presque encourager le chaos au Royaume-Uni en entamant des discussions avec l’Écosse qui tient à faire partie de l'UE. Si nous voulons une cohésion européenne nous devons plutôt encourager la cohésion au Royaume-Uni! Sinon ce seront encore des mauvais messages envoyés aux indépendantistes de tous bords comme en Espagne, en France et au R-U. Ce Brexit est aussi, à mon avis une opportunité pour la Suisse qui pourrait, si elle en a la volonté et le courage, de négocier un peu plus fermement avec l'UE. Nous savons tous que tous les peuples de l'UE voteraient pour une sortie de l'UE s'il y avait des référendums. l'UE doit à tout prix se réformer si elle veut survivre. Mais à les écouter, ils n'en prennent pas le chemin, noyés dans leur arrogance. Bien à vous.
Alexis Barbey
Posté le 30/06/2016
Bravo pour cette vision réaliste de la décision de la Grande-Bretagne. Permettez-moi un brin d'optimisme. Ce dont souffre l'Europe (et la Grande-Bretagne, et la France) c'est essentiellement un manque de démocratie et de sentiment d'appartenance aux structures politiques. Les démocraties parlementaires centralisées souffrent de cela plus que celles qui ont une structure fédéraliste (Suisse, Allemagne). On peut donc espérer que l'Europe évolue vers davantage de démocratie directe ce qui aura le double avantage de la rendre plus lisible à ses citoyens et plus compréhensible à la Suisse.

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