Laissez les entreprises travailler !
Les nouvelles oscillent entre discours catastrophistes – combien de fois n’a-t-on pas lu la phrase « pire récession depuis 1945 » – et l’alignement de statistiques présentées comme de bonnes surprises, à l’image de la rapide création d’emplois enregistrée le mois dernier aux Etats-Unis et que l’on nous a servie ce week-end au chapitre des news réconfortantes.
La vérité est que nous ne sommes qu’au début des problèmes. La baisse du PIB du premier trimestre 2020 est de 2,6%, mais rappelons-nous que sur les 12 premières semaines de l’année, seules les deux dernières se sont déroulées en « situation extraordinaire » décrétée par Berne, c’est-à-dire sous un régime de semi-confinement. Actuellement, à Genève, un actif sur deux est au chômage partiel. Malheureusement, pour de nombreuses personnes, celui-ci se transformera en chômage tout court. Entre avril et mai, son taux a augmenté de 2,7% au bout du lac, pour s’établir à 5,2 % à la fin mai. Dans le même temps, il s’établissait à 3,4 % pour la Suisse.
L’objectif de tout entrepreneur est de faire tourner son entreprise, d’assurer des emplois, de verser des salaires. Les mesures d’aide d’urgence prises par les autorités tant fédérales que cantonales – que la CCIG a vivement saluées – étaient précisément cela : de l’aide d’urgence, permettant d’encaisser le premier choc. Aujourd’hui, les entreprises doivent faire face à des dépenses imprévues liées à la mise en place des plans de protection, une reprise incertaine de la consommation à moyen et long termes ou encore l’ajustement à de nouvelles pratiques (télétravail).
Deuxième effet « kiss cool » : c’est l’ensemble de l’économie mondiale qui s’est arrêté. Une économie largement tournée vers l’exportation telle que la nôtre, donc doublement pénalisée, d’autant que le franc suisse s’est apprécié face à l’euro.
L’économie genevoise, et suisse d’ailleurs, peut, heureusement, compter sur certains atouts pour amortir le choc et, en particulier, la diversification de son tissu. En effet, l’industrie des machines, la pharma ou le secteur financier ne sont pas affectés de la même manière que le tourisme ou le commerce de détail.
« Certains regardent l’entreprise privée comme un prédateur à abattre. D’autres la considèrent comme une vache à traire. Seule une poignée de personnes la voient pour ce qu’elle est vraiment : le robuste cheval qui tire le chariot ». Cette phrase de Churchill est pertinente comme jamais. Les conditions cadre doivent aujourd’hui plus que jamais concourir à permettre au plus grand nombre d’entreprises de se relever. Et nous sommes confiants qu’elles en ont la capacité. Mais seulement pour autant qu’on ne vienne pas leur mettre des bâtons dans les roues… au propre, comme au figuré.
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