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Des spécialistes pour naviguer dans la bureaucratie

Alexandra Rys
Posté le 27/01/2021
Articles de fond

Le poids de la bureaucratie pour les entreprises est un sujet constant de préoccupation. De fait, la complexification des processus et la multiplicité des couches réglementaires dont une entreprise doit tenir compte dans l’exercice de son activité ou pour le développement de projets transforment parfois son quotidien en course d’obstacles. Les spécialistes en affaires publiques peuvent alors lui permettre de gagner en temps et en efficacité.

On peut définir les affaires publiques (souvent encore désignées par la terminologie anglaise, public affairs) comme la branche des relations publiques qui ont pour vocation d’établir des relations entre les entreprises et les autorités, à quelque niveau que ce soit. « Un consultant en affaires publiques est un expert du processus d’élaboration des décisions publiques et du fonctionnement des autorités et de l’administration. Il connaît leur rythme, leurs enjeux et leurs limites », explicite Lionel Ricou, fondateur d’Access Public affairs & Communications.

Dialoguer avec l’administration ou le politique

Les entreprises qui font appel à un spécialiste de cette discipline peuvent le faire pour diverses raisons. Cela peut être pour « franchir le mur de l’incompréhension » qui s’installe souvent entre le monde des entreprises et celui des pouvoirs publics. Il s’agit alors de parler le même langage que l’administration. Cela peut être simplement pour éviter de perdre du temps à rechercher les bons interlocuteurs dans le bon service. « Souvent, aussi, un ‘Swiss finish’ peut être ajouté au projet, en termes de qualité et de service, explique Alexis Barbey, fondateur de CAP – Conseil en affaires publiques. Par exemple, lors d'un mandat dans lequel je devais aider mon client à faire accepter un projet de rénovation/transformation d'un important bâtiment dans une municipalité, l'équipe du projet a été convoquée par une commission du Conseil municipal. Les membres de l'équipe étaient tout à fait en mesure de répondre à n'importe quelle question et comptaient donc se rendre simplement à la convocation. Pour améliorer leurs chances, j'ai conseillé de faire deux choses : rencontrer en amont chaque groupe politique ouvert à cette démarche et préparer un dossier avec des images de synthèse et un argumentaire à l'attention de chaque commissaire présent. Les deux démarches ont été bien accueillies et ont contribué à avoir une discussion riche et variée. »

De l’analyse de l’environnement à la mise en œuvre d’une stratégie

Vers qui une entreprise peut-elle se tourner si elle a besoin de prestations d’affaires publiques ? « Le marché suisse est étroit, explique Alexis Barbey, donc les affaires publiques sont souvent une corde à l’arc d’une agence RP plus généraliste. En outre, le marché est largement local, du fait de la grande densité législative qui règne en Suisse et de réseaux souvent locaux ». En fonction de la nature de la problématique à traiter, l’entreprise aura donc généralement intérêt à chercher un prestataire issu de son terroir. Il existe toutefois quelques acteurs de grande taille, à portée nationale voire mondiale, en particulier à Berne. Une large part des spécialistes d’affaires publiques est en outre réunie au sein d’une association faitière, la Société suisse de Public Affairs (SSPA – voir encadré).

Les cabinets spécialisés sont en capacité d’offrir différents types de services, qui commencent avec l’analyse de l’environnement administratif et légal du projet ou du problème de l’entreprise. Ils peuvent aussi agir comme des facilitateurs, qui trouveront le bon interlocuteur au bon endroit. Enfin, ils peuvent élaborer une stratégie complète, allant de l’identification des « adversaires » et des « amis » à la définition des outils à utiliser, « nombreux, détaille Alexis Barbey, puisque cela peut être une combinaison de newsletter, de courriers, des réseaux sociaux, sans oublier les contacts directs, qui demeurent indispensables pour les sujets complexes ».


 

Une faîtière des affaires publiques

Forte de près de 70 membres, la Société Suisse de Public Affairs (SSPA) est une association professionnelle, qui a pour but de sensibiliser les autorités et le public au sens et à la valeur du travail de lobbying politique, économique et culturel ainsi qu'à la contribution de ce travail au processus démocratique de décision. « En offrant un cadre aux professionnels des affaires publiques, elle permet les échanges d’expériences à l’occasion d’événements réguliers en lien avec les sessions parlementaires, des voyages formatifs comme Londres ou Bruxelles et statue de manière volontaire sur les règles de déontologie du métier », détaille Sacra Tomisawa-Schumacher, fondatrice de ellips public affairs & consulting sàrl, qui vient de quitter le comité de la SSPA.

Pour pouvoir rejoindre l’association, les membres doivent déclarer de manière volontaire leurs mandants. « Cette pratique participe de la transparence, essentielle pour le sérieux du métier, précise Sacra Tomisawa-Schumacher. C’est aussi se soumettre à des règles de déontologie et avoir suivi une formation en éthique de la profession.» L’association a mis sur pied une commission de déontologie de cinq membres, indépendante du comité de l’association.


 

Affaires publiques et lobbying

Anglicisme remontant au premier tiers du XIXe, le lobbying (tiré du mot « lobby », c’est-à-dire hall ou salle des pas perdus des parlements) désigne l’activité de personnes, groupes, associations économiques, professionnelles ou syndicales qui font valoir des intérêts, publics et privés, dans le cadre du processus législatif. Cette activité, jugée éminemment sulfureuse par certains, est désormais souvent désignée par « affaires publiques », bien que cette activité, on l’a vu, couvre des activités beaucoup plus larges.

Mais que faut-il penser du lobbying ? « Si les journalistes traduisent les décisions pour la population, les lobbyistes sont là pour éclairer les sujets très nombreux et complexes auprès des décideurs. C’est un rôle central et garant de la démocratie », estime Sacra Tomisawa-Schumacher. Un constat que partage Lionel Ricou, pour qui les activités de lobbying consistent à alimenter le débat public avec un discours fondé sur les réalités vécues par les entreprises et secteurs professionnels. En ce sens, elles sont nécessaires pour que les autorités adoptent des décisions fondées et circonstanciées. Il rappelle au passage que « les prises de position des acteurs économiques et sociaux sont sollicitées par les autorités et même garanties par la constitution fédérale ! »

Faire entendre la voix des entreprises : raison d’être de la CCIG

C’est pour remplir cette fonction d’information des autorités que la CCIG avait été créée en 1865. En effet, cette année-là, un groupe d’hommes emmenés par Ernest Pictet jugea venu le temps d’assurer la défense et la promotion du commerce et de l’industrie genevois. Lors de l’Assemblée constitutive de la Chambre de Commerce de Genève, l’un de ses principaux devoirs, dira Ernest Pictet dans sa déclaration liminaire, « sera d’éclairer le gouvernement cantonal et fédéral de ses renseignements (et) de leur adresser des demandes et des suggestions. (…) Elle aura aussi à propager nos principes de liberté commerciale dans le reste de la Suisse… ». 155 ans plus tard, la CCIG moderne continue de faire entendre la voix des entreprises en prenant position, par exemple lors de consultations législatives cantonales et fédérales, et en formulant des propositions ayant trait à l’une ou l’autre des conditions cadre, souvent à l’occasion de campagnes de votations.

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