Les plans de mobilité, un outil bienvenu
Les plans de mobilité sont un outil permettant aux entreprises d'organiser et de faciliter les déplacements de leurs collaborateurs et de les inciter à modifier leurs habitudes en la matière. Ils prennent généralement en compte les déplacements qui relient le domicile au lieu de travail, mais également ceux qui sont effectués pour les besoins de l'activité professionnelle, diminuant ainsi l’impact des embouteillages sur leurs affaires.
Cette démarche permet par exemple l’optimisation des surfaces de stationnement et la réduction des coûts liés aux déplacements professionnels et aux véhicules de fonction. Déployés à grande échelle, les plans de mobilité peuvent contribuer à la réduction de deux problématiques majeures pour la collectivité : la congestion des infrastructures routières et les pics d’émissions polluantes. Consciente des bénéfices potentiels que ces plans représentent pour les entreprises ainsi que pour la collectivité, la CCIG a organisé plusieurs séminaires, en collaboration avec l’Office cantonal des transports et des bureaux d’études spécialisés, afin d’informer les participants sur les outils disponibles et les meilleures pratiques permettant de concevoir un plan de mobilité optimal[1].
Nombreuses mesures d’incitation à disposition
Toute une palette de moyens d’action existe et peut se décliner afin de s’adapter aux contraintes de chaque entreprise. Les mesures plus classiques telles que la participation financière à un abonnement de transport public ou la limitation de l’utilisation des véhicules de fonction peuvent par exemple être accompagnées de la mise à disposition de vélos électriques, de la création d’une plateforme informatique facilitant le covoiturage ou encore de l’utilisation de navettes reliant le lieu de travail à un P+R. Il s’agit avant tout d’une démarche dynamique permettant aux entreprises confrontées à des problèmes liés aux transports ou visant des objectifs environnementaux ambitieux de porter une réflexion sur l’impact des déplacements de ses collaborateurs, de ses visiteurs et de ses clients.
Du côté des autorités cantonales genevoises, un guichet d’aide[2] et un guide pratique[3] ont été mis en place afin de faciliter l’adoption de plans de mobilité. Le principe d’encouragement à l’adoption de plans de mobilité est en effet ancré depuis 2016 dans la loi cantonale pour une mobilité cohérente et équilibrée.
Des exemples à suivre
Le canton du Jura a pour sa part adopté en 2018 dans son Plan directeur cantonal le principe selon lequel les entreprises de plus de 20 équivalents plein-temps établies dans les zones d’activités doivent élaborer un plan de mobilité pour toute nouvelle construction qu’elles prévoient. Cette obligation est accompagnée d’une procédure définissant le contenu minimum d’un plan de mobilité, celui-ci étant défini comme «(…) un projet mis en place par un employeur pour inciter ses collaborateurs à réduire l'usage de la voiture individuelle au profit de modes de transport moins polluants »[4].
La plupart des pays européens se sont également saisis de la problématique. En France, depuis 2018, les entreprises de plus de 100 travailleurs situés sur un même site dans les agglomérations de plus de 100 000 habitants ont l’obligation d’élaborer un tel plan pour améliorer la mobilité de leur personnel et encourager l’utilisation des transports en commun et le recours au covoiturage. Du côté de la Belgique, une obligation similaire s’applique aux entreprises de la région bruxelloise.
Ce phénomène concourt naturellement au développement du mobility management et de professionnels spécialisés dans l’accompagnement d’entreprises souhaitant adopter un plan de mobilité ou y étant contraintes. En Wallonie, un cycle de formation dédié au mobility management connaît un certain succès depuis plusieurs années et il se pourrait que le terme de mobility manager s’implante progressivement dans le monde de l’entreprise ainsi que sur le marché du travail.
Des plans déjà bien encouragés
Bien que la CCIG salue les démarches permettant d’améliorer la fluidité du trafic et de diminuer la pollution, elle estime que la dynamique actuelle, à savoir l’augmentation naturelle de la proportion d’entreprises ayant adopté un plan de mobilité, ne nécessite pas d’action contraignante de la part de l’Etat.
En effet, les guides et formations tels qu’en proposent la CCIG, le canton et d’autres acteurs satisfont au principe d’encouragement à l’adoption des plans de mobilité. Par ailleurs, ces derniers sont en adéquation avec la demande des entreprises. En effet, un récent sondage[5] mené par la Fédération des entreprises romandes auprès de ses membres a permis de confirmer cette tendance positive : 22 % des entreprises sondées ont mis en place un plan de mobilité et 43% prennent déjà des mesures même si elles ne sont pas formalisées dans un plan de mobilité. En sachant que la moitié des entreprises ayant fourni cet effort l’ont fait au cours des cinq dernières années, la mise en place de contraintes dans ce domaine apparaît comme d’autant plus superflue.
La CCIG a fait part de cette appréciation à l’Office cantonal des transports dans le cadre d’un groupe de travail centré sur les plans de mobilité. Celui-ci devrait aboutir au lancement par l’Etat d’un label gratuit et facultatif à disposition des entreprises fournissant cet effort.
[1] La dernière édition de la formation en ligne « Repenser la mobilité dans son entreprise » a eu lieu les 21 et 28 avril 2021.
[2] Ce soutien, gratuit, peut être sollicité par email à l'adresse planmobilite@etat.ge.ch, ou par téléphone au 022 546 79 00.
[3] « Plans de mobilité, guide à l’attention des entreprises et institutions », 2016 : https://www.ge.ch/document/9675/telecharger
[4] République et Canton du Jura, Département de l’Environnement, Service du Développement Territorial, 2020, « Procédure pour les projets de construction soumis à un plan de mobilité ».
[5] Entreprise Romande, numéro 3312, p.4, 26 mars 2021.
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