Le Groupement Transport et Economie (GTE) devient Genève mobilité
Constitué il y a 30 ans, le Groupement Transport et Economie (GTE), qui rassemble les principales associations économiques et de transport genevoises, dont la CCIG, change de nom et d’identité graphique. Son président, Hugues Hiltpold, explique ce repositionnement et révèle les axes de travail de l’association.
Le GTE a fêté ses 30 ans cette année, quel regard portez-vous sur le rôle qu’a pu jouer cette association au fil du temps ?
Le GTE avait été constitué pour servir de contrepoids aux différentes associations qui s'occupaient de transport et d'environnement, notamment l’ATE (Association transports et environnement). L'idée était d'avoir une association qui s'occuperait des transports tout en privilégiant une vision avant tout économique. Cette vision impliquait un soutien vis-à-vis des politiques publiques favorables en matière de circulation routière, qu'elle soit individuelle ou professionnelle. Le GTE s’est par exemple impliqué dans le projet de la traversée du lac qui fut plébiscité par la population du canton en 2016 (63 % de oui). La participation à ce projet majeur est évidemment un élément fort qui a marqué l’histoire du GTE.
Le GTE a décidé cette année de changer de nom pour devenir « Genève mobilité » : quelles sont les raisons de cette modification ? Un nouveau positionnement ?
Oui, il y a une volonté d’instiller une nouvelle dynamique à notre association. Ce changement de nom, qui s’accompagne d’une nouvelle identité graphique ainsi que d’un site internet refait à neuf, est le résultat d’une réflexion de fond initiée il y a deux ans afin de repositionner l’association tout en gardant une certaine continuité. L’objectif est d'avoir une vision un peu plus large de la mobilité et non plus se concentrer exclusivement sur les formes de mobilité liées au transport individuel motorisé (TIM). Certes, la défense du TIM et, plus encore, du transport professionnel reste dans notre ADN, mais nous souhaitons élargir notre champ d’action afin de nous adapter à l’évolution de la mobilité.
Le GTE avait fortement réagi au printemps 2020 lors de la mise en place par le canton des pistes cyclables dites « coronapistes ». Deux ans après, que pensez-vous de ces aménagements que le canton présentait alors comme provisoires ?
Le GTE était effectivement remonté en raison du fait que l’Etat n’avait prévu aucune concertation avec les différents acteurs de la mobilité. On a eu immédiatement le sentiment que le canton avait profité de la situation du covid pour mettre en place à la hussarde un certain nombre d’aménagements, en évitant toute forme de discussion. D’ailleurs, la pérennisation de ces aménagements – dont certains, inadéquats, ont dû malgré tout être modifiés – nous a donné raison. C’est quelque chose qui nous a beaucoup heurtés, car le GTE a toujours été ouvert à un dialogue constructif. Or, on s’est rendu compte qu’il n’y avait pas d’écoute de la part du chef du département des infrastructures, ce qui est d’autant plus dommage pour les secteurs où des aménagements alternatifs auraient pu être envisagés. Il s’en est suivi des recours, celui concernant l’axe du pont de la Coulouvrenière étant encore aujourd’hui en traitement. Deux ans après, on se demande si une meilleure concertation, réunissant la gauche et la droite avec le patronage de l'État, n’aurait pas permis d’obtenir un aménagement qui soit plus équilibré.
Parallèlement, le GTE a mené l’étude Team+ qui proposait une véritable alternative prenant en compte toutes les formes de mobilité, avec une hiérarchisation de la circulation et une augmentation considérable du nombre de pistes cyclables. L'idée était de définir un certain nombre d'axes qui soient prioritaires pour le TIM et de privilégier le trafic cycliste sur les axes secondaires. Il est regrettable que l'État, en l'occurrence le chef du département, ne soit pas plus ouvert à cette vision.
Cette politique volontariste du canton visant à décourager fortement l’utilisation de l’automobile est-elle problématique pour les entreprises et l’économie ?
Absolument. Prenons un exemple tout simple : une entreprise de menuiserie qui doit livrer une armoire au centre-ville ne peut pas le faire à vélo. Idem pour une entreprise sanitaire qui doit installer des équipements lourds et volumineux. Aujourd’hui, certaines entreprises refusent purement et simplement de travailler avec des clients situés au centre-ville car la circulation est telle que l’opération ne devient plus intéressante. C’est un fait qui nous a été rapporté et dont il faut prendre acte. En conséquence, nous nous battons pour que le transport professionnel puisse accéder au centre-ville dans de bonnes conditions.
Parallèlement au transport professionnel, il y a un autre point qui nous semble également important, c'est de laisser la possibilité aux personnes de pouvoir accéder au centre-ville en dotant la périphérie du centre de parkings en suffisance. C’est la survie des commerces qui est en jeu. Les commandes par internet ne font que croître mais il existe encore – et sans doute pour encore longtemps – un certain nombre de commerces présents physiquement. Si l’on supprime la possibilité pour les gens de pouvoir accéder au centre-ville, c'est la mort annoncée des commerces en ville.
Quelle est actuellement la préoccupation principale de Genève mobilité et quels sont ses futurs projets ?
Il y a trois axes fondamentaux sur lesquels Genève mobilité va se battre, dans la continuité de ces dernières années. Le premier est donc l'accessibilité du transport professionnel au centre-ville, qui est fondamentale pour nos entreprises. Le second est l’accessibilité des commerces afin de permettre aux personnes souhaitant faire des achats en ville de pouvoir le faire. Enfin, le troisième, qui est pour nous cardinal, est l’anticipation et l’adaptation à la mobilité de demain. Cette mobilité de demain va revêtir plusieurs formes par le développement des véhicules automatisés, de l’électromobilité et de la micromobilité. Ces développements nécessitent des aménagements urbains adaptés et une politique concertée.
Genève mobilité va se battre sur ces trois axes avec une vision progressiste, dans le sens où nous souhaitons accompagner le progrès vers une mobilité multiple. La multimodalité, par exemple quelqu’un qui commence son trajet en voiture puis utilise les transports en commun avant de faire les 300 derniers mètres en trottinette électrique, sera certainement au cœur de cette mobilité de demain. Ces trois axes sont donc les lignes directrices d’où découlent nos objectifs à court, moyen et long termes.
La CCIG est membre de Genève mobilité et collabore régulièrement avec cette entité dans le cadre d’actions et de prises de positions liées à la mobilité. Nathalie Hardyn et Erik Simonin représentent la CCIG au sein de Genève mobilité, respectivement en tant que membre du Bureau et membre du Comité.
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