Petit-déjeuner avec le ministre émirati de l’intelligence artificielle
Son Excellence Omar Sultan Al Olama, ministre de l’IA aux Émirats arabes unis (EAU), était à la CCIG le 31 août pour un petit-déjeuner-conférence exclusif, en collaboration avec la Banque cantonale de Genève (BCGE). Il souhaite positionner son pays comme leader mondial dans ce secteur dont l’importance va croissant et a partagé sa vision avec les entrepreneurs invités par la CCIG.
Le ministre a commencé sa conférence par un bref rappel historique : « Jusqu’au Moyen Âge, le Moyen-Orient était très en avance dans de nombreux domaines – médecine, droit, sciences. Puis une décision a tout changé : le refus par les autorités d’adopter l’imprimerie, qu’elles considéraient comme une menace pour leurs positions établies. Interdire l'imprimerie a eu des répercussions que le Moyen-Orient paie encore aujourd’hui. » Selon le ministre, inhiber la diffusion de l'information, c’est inhiber le progrès. Au cours des 500 années suivantes, alors que le reste du monde avançait à grands pas grâce à la circulation plus rapide des idées et des découvertes, le Moyen-Orient a stagné.
C’est pourquoi, conscients que la technologie et l'innovation sont les moteurs de l'avenir, les EAU ont investi massivement ces dernières années dans les nouvelles technologies pour rattraper ce retard. Leur stratégie se déploie en trois étapes : la modernisation des infrastructures, le recrutement proactif de talents et la mise à disposition de super-ordinateurs pour les hautes écoles et les PME. Si bien qu’aujourd’hui, le pays compte le plus grand nombre de start-up et de licornes* dans ce domaine au Moyen-Orient.
Le ministre a ensuite souligné l'importance de favoriser l'économie numérique, évoquant les synergies possibles entre la Suisse et les EAU. Pour lui, l'IA est un catalyseur d'opportunités futures, stimulant la compétitivité, l’agilité et l’innovation. Prendre le train en marche pour réduire les inégalités face à l’IA, tel était son message. « C'est plus facile aujourd’hui que demain. Si l’on veut éliminer ces inégalités, il convient de commencer maintenant », a-t-il déclaré à une trentaine de chefs d’entreprise présents.
La question de la réglementation est bien sûr essentielle et les implications éthiques et sécuritaires sont immenses. La rapidité avec laquelle la technologie progresse est sidérante. En quelques années, les capacités de modèles comme ChatGPT 4, lancé en novembre 2022, ont évolué à un rythme sans précédent. « Le vrai danger ne vient pas nécessairement de leurs capacités, mais de notre compréhension imparfaite et parfois naïve de ce qu'ils peuvent faire ou non », a précisé le ministre, non sans souligner l’importance de maîtriser la technologie afin qu’elle ne se retourne pas contre son utilisateur. Le rôle de l’humain reste donc essentiel pour combler les lacunes, vérifier la fiabilité des données et rectifier les informations erronées. Les gouvernements ont donc la responsabilité de s’assurer que ces outils soient utilisés à bon escient.
Le progrès technologique est inévitable et les défis que pose l’IA diffèrent selon les pays. « Le Japon, par exemple, est un pays vieillissant. Il développe la robotique et l'IA parce qu'il sait que ce n’est qu’une question de temps avant qu'il n'y ait plus assez de jeunes pour faire fonctionner le pays et s'occuper des personnes âgées. Contrairement à nos ancêtres, réfléchissons en profondeur et prenons les mesures qui s’imposent. Abordons cette technologie avec une mentalité ouverte mais prudente. Formons ceux qui réglementent et utilisent cette technologie, afin que les décisions d’aujourd'hui ne nuisent pas aux générations futures », a-t-il conclu.
* Start-up non cotée en bourse et valorisée à plus d’un milliard de dollars.
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